Les forts du système Séré de Rivières.

Décidé au lendemain même de notre défaite, la construction des fortifications commence en 1874. Débuté très rapidement, car la guerre semble de nouveau proche, leurs constructions ne tardent pas à prendre un rythme moins rapide et se poursuit jusqu'à 1914. Pendant les quarante ans que dure le développement du Système Séré de Rivières l'artillerie continue son évolution. L'invention de la fusée à double effet puis l'obus torpille provoque une véritable révolution dans l'armement. La forme des ouvrages, leurs protections et la répartition des armements sera modifié. Et bien que partiellement modernisé les forts rendront de précieux service en 1914 pendant la bataille de la Marne et en 1916 à Verdun.

Description d'un fort Séré de Rivières.

En 1874 l'ouvrage d'artillerie et plus particulièrement le fort est avant tout un gros bastion fermé à la gorge, de forme polygonale, s'adaptant au terrain entouré d'un fossé. L'artillerie est installée derrière un parapet qui l'abrite des coups directs, seuls à craindre à cette époque. L'infanterie assure la défense rapprochée en battant de ses feux le glacis aménagé en avant du fossé. La défense du fort est assurée par des caponnières qui battent les fossés maçonnés. La défense mobile tient les intervalles entre les forts. La maçonnerie recouverte plus ou moins d'une couche de terre constitue l'essentiel de la protection des casernes, caponnières, traverses, de l'escarpe et la contrescarpe.
L'accès au fort se fait par un pont mobile qui enjambe le fossé.

Profil d'un fort Séré de Rivières en 1874.

Classement des forts suivant leurs rôles.

Fort de ceinture.

Pilier de la ligne de défense des camps retranchés (place à forts détachés), placé à intervalle régulier autour de la place, son rôle est de tenir le noyau central de la place hors de portée des tirs de l'artillerie ennemie.

Fort d'arrêt.

C'est un ouvrage isolé placé en avant d'une place pour contrôler les voies de communication ou des points particuliers. Il est construit de façon à combattre de tous cotés.

Fort de rideau.

C'est le fort composant les rideaux défensifs. L'ouvrage peut être un fort d'arrêt ou un fort de ceinture renforcé à la gorge. Ils sont disposés de façon régulière et se couvrent mutuellement.

Classement des forts suivant leurs profils.

Fort à cavalier avec batterie haute.

Cette disposition ou sont superposées les crêtes d'artillerie et d'infanterie est celle adoptée par les forts au débuts de la fortification polygonale. Cela a pour avantage de donner une excellente vue à l'artillerie des forts et apporte un accroissement de portée de leurs canons. Par contre, il y a deux inconvénients majeurs. Premièrement, il est impossible d'armer les forts avant que la construction de la caserne soit terminée en cas d'armement d'urgence (crise de 1875), deuxièmement, les traverses abris se situent très haut sur le rempart et donnent de très bons repères à l'artillerie ennemie.

Fort à massif central avec batterie basse.

Autre architecture pratiquée au début du système Séré de Rivières, le fort à batterie basse évite les deux désavantages du fort à cavalier. On peut armer les forts sans attendre la fin de la construction des casemates et les traverses abris ne se profilent plus au sommet.


Fort à crête unique.

Il n'y a plus qu'une seule crête ou se combine artillerie et infanterie. On retrouve l'inconvénient des forts à cavalier avec la présence des traverses abris au sommet, par contre cela permet de réaliser des forts moins profond (montagne).

Description d'un fort à crête unique.

C'est avant tout une plate-forme d'artillerie.
L'ouvrage est entièrement ceinturé par un fossé délimité par un mur d'escarpe et de contrescarpes revêtues, et flanqué à certains angles de caponnières simples ou doubles, le tout entouré d'un glacis.
Une cour à l'intérieur est surmontée d'un cavalier composé d'une caserne enterrée et d'une crête d'artillerie ou sont posés les canons à ciel ouvert, séparés les uns des autres par des traverses-abris.

Particularités d'un fort Séré de Rivières en montagne.

Les fortifications en montagne subissent de nouvelles contraintes, mais  tirent aussi avantage de cette situation géographique. La différence majeure pour l'édification d'un fort en zone montagne, par rapport à la plaine, vous l'aurez compris vient du relief.
Celui-ci cause d'énormes problèmes de défilements, car les forts construits sur des replats sont souvent dominés par des hauteurs voisines. Et il est impossible de construire des ouvrages de surveillances sur tous les sommets environnant.

Mais ce relief n'apporte pas que des inconvénients il donne quelques avantages aussi à la défense.
  • Les voies de communications sont restreintes et on connaît précisément les axes de pénétration ennemie à l'avance.
  • Le fait que l'ennemi ne peut emmener d'artillerie puissante et nombreuse près des forts, permet une "durée de vie" plus longue des fortifications, qui avaient été édifiées en utilisant des techniques de fortification démodées en plaine, tels que, front bastionné, casemate à tir directe (casemate Haxo)...

Comme vous le voyez, en montagne, ce n'est pas le paradis, mais on en tire quelques avantages (en dehors du ski!!).

Évolution d'un fort après 1885.

Après 1885, face aux progrès de l'artillerie et surtout avec l'apparition de l'obus torpille", tous ces forts à peine terminés sont déjà démodés.
Pour résister aux nouveaux projectiles, il faut disperser l'artillerie en dehors des forts dans des emplacements défilés aux vues de l'ennemi. Les forts de 1874 avec leurs superstructures élevées sont visibles de trop loin, de plus les nouvelles fusées rendent intenable la crête d'artillerie. Le fort ne sera plus qu'un observatoire d'artillerie et un point d'appui pour l'infanterie. Il devient un centre de stockage et de protection de l'infanterie pendant les bombardements. La crête d'infanterie ne peut plus assurer la défense rapprochée car, elle ne peut plus protéger les soldats contre les obus fusant. Pour les remplacés, les tourelles de mitrailleuses font leurs apparitions.
Enfin l'obus torpille va nécessiter la modification de la protection des ouvrages. La maçonnerie ne résiste pas aux obus contenant des explosifs brisants. On va donc la recouvrir d'une carapace de béton sur les anciens ouvrages. L'escarpe disparaît au profit d'un glacis en terre croulante sur lequel sera disposé un réseau de fil de fer devant interdire l'assaut de l'infanterie. La contrescarpe sera construite en béton. Les caponnières seront remplacées par des coffres de contrescarpe en béton. Tous ces organes seront reliés par des gaines en béton enterrées.

Profil d'un fort Séré de Rivières après 1885.



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