Batteries de Conflans

A toutes les époques, l'éperon rocheux surplombant le confluent de l'Arly et de l'Isère a attiré l'attention des hommes. Position élevée commandant le carrefour des vallées de Tarentaise, de l'Arly et de la Combe de Savoie, son importance stratégique s'accrut considérablement avec les siècles. De l'oppidum romain au bourg fortifié, Conflans endossa le rôle de portier de la Tarentaise. Place forte créée par les comtes de Savoie, Amédée VI au XIVeme siècle l'entoure de remparts plus élevés. Conflans fait partie des places, qui contrôle le territoire de la Savoie, pour son bien... ou son malheur !

Mais les premières détonations de la poudre, annoncent la fin de son service actif !

Au début du XVIeme siècle, les progrès de l'artillerie, finissent par lui faire perdre son intérêt militaire et le coup de grâce est donné par François Ier lors des guerres d'Italie. Il fait abattre les murailles séculaires de la cité, ce qui sonne le glas de la carrière guerrière du bourg. Et malgré les efforts de la population pour édifier de nouveaux remparts, la vieille cité de Conflans ne retrouvera plus son efficacité défensive, face aux armées d'invasions.

Activité moins prestigieuse, mais pas plus paisible, elle doit se contenter, de la fonction de ville d'étape, assurant le ravitaillement et le regroupement des armées.

Pourtant, deux faits historiques donne lieu à une redistribution des cartes et à son retour dans la partie.

L'annexion de la Savoie, puis le programme de fortification des Alpes de Séré de Rivières au lendemain de la guerre de 1870, permet à Conflans de retrouver une seconde jeunesse. L'installation de batteries maçonnées et enterrées le long de son ancienne enceinte et la réoccupation de la caserne A de Conflans, lui apporte les troupes et le sang neuf qui lui manquaient. Les scénarios stratégiques établis par les généraux en cette fin du XIXeme, finissent par réveiller ses instincts belliqueux... du moins pour quelques dizaines d'années !!!

Positions et rôles.

Ces batteries  font partie de la première ligne de défense de la Place et leurs rôles est primordiale pour l'arrêt des colonnes ennemies en amont de Tours.
Les batteries de Conflans se développent sur l'extrémité du contrefort qui se détache du massif du Mirantin et domine le confluent de l'Isère et de l'Arly. Il y a trois batteries, la première dite de l'Esplanade occupe la pointe de la Roche à l'Ouest de Conflans. Les deux autres batteries, du nom de Château-Vieux et Château-Rouge occupent des petites plates-formes étagées, qui s'élèvent à l'Est du bourg le long de l'ancien mur d'enceinte.
  • Le rôle de ces batteries est de battre par des feux rapprochés et rasants la vallée de l'Isère, depuis le confluent et jusqu'à Tours. Elles sont très bien situées pour tirer contre le principal débouché des colonnes venant de la frontière.
  • Elles occupent un site difficilement accessible, de part les escarpements présents autour et d'autre part, par les anciens remparts formant un obstacle sérieux. De plus le flanc gauche est défendu par une petite redoute, installée sur le point culminant.

P.S : Les abris des batteries et la redoute se trouvent dans des propriétés privées, interdiction d'y pénétrer sans l'autorisation des propriétaires.

Abri-traverse batterie Château-Rouge. (carte postale)

Armement des batteries et objectifs principaux.

Cliquez pour agrandir l'image
  • Au début du projet en 1875, elles étaient prévues pour contenir au moins 16 pièces, 6 canons de campagne de 12 à chargement par la bouche, 8 canons de campagne de 7 à culasse et 2 canons à balles.
  • En 1879 une seule batterie de canons de 7 est prévue, dont les matériels sont conservés dans les magasins de l'artillerie à Albertville.
  • En 1904 une batterie de canons de 90mm de Bange. Les coffres chargés sont enfermés dans les abris de la batterie avec les canons, et le reste des munitions est emmagasinée au fort du Mont.

Descriptifs des canons.

Canon à balle de Reffye mle 1866.

Plan des maçonneries.

Zone sous les feux des batteries.

Projet d'une casemate cuirassée à Conflans.

-Dépêche du ministre du 12 octobre 1878 et 14 janvier 1879.

-Étude pour la construction d'une casemate cuirassée dans la batterie de l'Esplanade.

-Évaluation totale du projet : 28000 frs, correspondant à 95000 euros de notre époque.


  • Les batteries de Conflans sont protégées par les escarpements au sommet desquels, elles sont construites et par les restes de la vieille enceinte de Conflans. Elles sont appuyées par les ouvrages de Villard, les Granges, Lançon, qui flanquent et battent sa gorge et par le fort du Mont qui les dominent, les mettant à l'abri d'un "coup de main".
  • L'ennemi cherchera donc à s'en débarrasser par des tirs de contre-batteries qu'il établira dans les maisons et vergers de Tours, armées de pièces de gros calibre, amenées par le col du Petit St. Bernard. Dans ces conditions, une pièce de fort calibre, rendue invulnérable par son cuirassement, sera appelée à jouer un rôle capitale dans la lutte.
  • Son objectif est d'enfiler la route nationale n°90 et d'atteindre le fond de la vallée au plus près des escarpements. Il faut donc l'installer le plus à droite des batteries de Conflans. Le choix de la batterie de l'Esplanade s'impose.
  • La casemate cuirassée sera conforme au croquis type de la commission de cuirassement. Murs et arceaux en béton de ciment, toiture métallique recouverte d'une chape en béton hydraulique, sabord permettant des tirs à 11° au-dessus de l'horizon, 4° en dessous et 30° pour le champ de tir.
  • Il faut un stockage de poudre et de munitions à côté. C'est pour cela que  l'abri n°7 sera transformé pour stocker 1000 coups et 7350 kg de poudre.
  • Il faut aussi mettre à l'abri cet armement des "coups de mains", en élevant un mur crénelé sa gorge, qui le défilera aussi des tirs de tirailleurs pouvant provenir de la forêt de Rhonne.

Plans de coupe.



(C) Albertville-Fortifications 2007-2009. Tous droits réservés.Dernière mise à jour :samedi 8 mai 2010