Batterie de Lançon

Lors de l'attaque italienne, il est très vraisemblable qu'après avoir pénétré la frontière, des troupes légères seront envoyées dans le Beaufortain, avec pour mission, le contournement de la Place Albertville. Après la descente de Roselend et la traversée de Beaufort, elles ont deux possibilités de pénétration, soit passer par le col de la Forclaz, soit descendre la vallée du Doron. L'interdiction du col de la Forclaz est la mission prioritaire du fort de Lestal. La batterie de Lançon a pour tâche d'interdire la descente par la vallée du Doron.

Plateau du Tal.

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  • Considérations générales.
Le plateau du Tal est le centre de la ligne de défense sur la rive droite de l'Arly et occupe une position centrale dans la défense de la Place.
De solides batteries pourront être installées sur les nombreux méplats et mamelons qui le composent. Celles-ci permettront non seulement d'interdire la route de Beaufort, mais aussi de surveiller la route menant à Ugine, de contrebattre le plateau de Venthon, les positions au-dessus de Conflans et les abords des forts de Lestal et du Villard.
  • Protection.
Le plateau est adossé au massif des Bauges, dont les escarpements empêchent toute attaque de ce côté. A l'Ouest, l'Arly le borde et les pentes raides le précédant lui assurent une très bonne protection. Reste les deux seuls accès possible au Nord et au Sud, lesquels sont battus à revers par le fort de Lestal et les batteries des Granges.
  • Présentation.
Au départ ce plateau devait être le réduit du secteur. Idée forte heureusement abandonnée, car les troupes qui se seraient laissées acculer sur le plateau du Tal, se seraient retrouvées sans moyens de communications et seraient condamnées à se rendre à plus ou moins long terme.
Un fortin devait être construit sur le point culminant du plateau, plus un fort sur le mamelon de Château-vieux.
Une dépense de 1 168 000 Frs était prévue pour la défense du plateau.
Finalement on ne construisit que la batterie ouverte de Lançon et on prépara un plan de défense comprenant redoutes et batteries du "moment".
  • Dispositif de défense lors du conflit.
Une seule batterie permanente est placée à l'angle Sud-Est du plateau destinée à battre le principal débouché de Beaufort, la gorge du fort du Mont et les abords des Granges et du Villard.
Une batterie sera établie à la pointe Nord-Est, au lieu-dit "Les Berres", pour enfiler la route nationale n°202 allant d'Albertville à Ugine, dominer le plateau de Césarches et battre les abords du fort de Lestal.
Entre les villages de Pallud et la Biolle, une ligne d'abattis sera occupé par des tirailleurs qui exécuteront un feu nourri de mousqueterie en face de la vallée du Doron. Une batterie sera installée à la Biolle pour garder le flanc gauche. 
Une batterie à la Fugère croisera ses tirs avec celles des Bons pour contrôler le col d'Allondaz.
A Chevronnet, une redoute couvrira le col du même nom et le carrefour ou se croisent les routes stratégiques du secteur.
Une batterie sera placée à l'Etraz pour prendre d'écharpe le débouché de la Tarentaise.

Batterie de Lançon.

Connue aussi sous son nom d'origine "batterie du Roty de Lançon", elle occupe la pointe sud-est du plateau du Tal.
Elle fait face à la vallée de Beaufort dont elle surveille le débouché.
Elle prend à revers les positions de Conflans et Farette et surveille la route allant à Beaufort et celle qui s'élève en direction du Mont. 
  • Description
Cette batterie n'étant pas fermée, elle ne peut recevoir que du matériel mobile.
Elle est construite pour 16 pièces, disposées suivant un tracé brisé et par gradins successifs.
Particularité de cette batterie : c'est la seule qui dispose de deux accès, dont l'un enjambe une route forestière à l'aide d'un pont.
  • Rôle
Mission principale : Contrôler de la route n°9, allant de Pontcharra à Beaufort.
Missions secondaires : Contrôler les hauteurs au-dessus de Venthon et Farette + la route menant au fort du Mont (distance 3600 à 4000m).
Surveiller le plateau de Césarches et les pentes qui s'élèvent du Doron jusqu'au Cornillon (distance maxi 2400m).
Croiser ses feux avec les batteries des Granges sur la gorge des ouvrages de Conflans et le plateau de Farette (1600 à 3000m).
Battre le versant Est du plateau des Granges et surveiller les abords de la batterie ( distance 2200m).
  • Protection
Une palissade est prévue à sa gorge et des campements de troupes seront très proches.
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Plan maçonnerie.

Armement de la batterie.

Son armement prévu à l'origine du projet (1875) devait être composé de 16 canons de campagne de 12, dont 2 à grandes portées, 14 se chargeant par la bouche et 2 par la culasse.
Par la suite, à la révision de l'armement (1878), il sera décidé de se contenter d'une batterie de 7 (système de Reffye) sur avant-trains, le tout conservé dans les locaux de l'artillerie à Albertville comme armement de sûreté.
En 1902 on les remplace par des canons de 90mm (type de Bange mle 1877 sur affût mle 1878) en dépôt au fort du Villard (armement de sûreté).
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Situation de l'armement de sûreté et objectifs principaux .

Descriptifs des canons.
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Zone sous le feu de la batterie.

Détail de construction d'un abri sous traverse des batteries d'Albertville.

  

Historique.

10/08/1874 début de l'étude de la batterie de Lançon, coût prévu 40 000 Frs. Construction des routes du Tal 75 000 Frs, l'organisation de la défense du Tal 1 168 000 Frs.
10/05/1875 adjudication de la batterie.
15/05/1875 approbation de l'ouvrage de Lançon par la commission.
1875 abandon de la défense du Tal.
1876 batterie terminée en attente d'armement
1878 coût de la batterie 44 381 Frs.
1883 Fermeture de la batterie par une haie d'aubépines sur deux rangs, clôture en treillage et barrières pour un coût de 1400 Frs.
1884 apparition de fissures.
1886 premier affermage pour 30 ares, accordé à Mr Ricard, gardien de batterie du fort de Villard-dessous.
1892 abris de Lançon excessivement humides. Cette situation est due à l'absence de chapes au-dessus des voûtes et à la mauvaise qualité des matériaux de construction utilisés (moellons schisteux et mortier médiocre). La remise en état nécessite des dépenses considérables non justifiées car, ces locaux ne sont pas utilisés en temps de paix et ne sont plus à l'épreuve (obus-torpille 1885).
1894 nouvelle demande pour l'établissement d'un ouvrage d'infanterie au Tal présenté par la commission de défense (200 000 Frs), mais ajourné par l'inspecteur général (sera présenté jusqu'en 1903 !!).
1905 commencement de la réfection des abris de la batterie, en revêtant l'intérieur des voûtes en briques et gouttières aux naissances des pieds droits.
1920 total des dépenses pour la batterie 51 000 Frs.


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