Secteur défensif de  Lestal

L'ennemi peut chercher à tourner la Défense de la Place, en pénétrant dans le Beaufortain, puis en passant le col de la Forclaz qui domine Ugine, contourner la Place d'Albertville et gagner la route de Faverges. C'est pour cela que l'on décida de construire un fort sur la rive droite de l'Arly à la pointe du promontoire qui se détache de la chaîne de l'Alpette. Le fort de Lestal est dans une situation unique pour contrôler et arrêter toutes les communications transitant entre le val d'Arly et la cluse de Faverges.

Rôle du fort.

Cliquez pour agrandir l'imageLe fort de Lestal occupe l'extrême gauche de la ligne de défense de la Place.
Cet ouvrage situé à une altitude de 795 m, surveille le débouché de la route de Beaufort le long du Doron et enfile la route nationale le long de l'Arly. Il  bat le col de la Forclaz et la route allant de Queige à Ugine, domine la route de Megève à Ugine, prend à revers la route de Faverges le long de la Chaise ainsi que le défilé de Marlens.
Par contre, les pentes à l'Est descendant vers l'Arly ainsi qu'au Nord vers la Chaise, ne sont pas vues du fort, mais elles sont suffisamment raides, pour que la défense soit assurée par quelques tireurs embusqués. Du côté Ouest les pentes peuvent être surveillées du fort.
L'arête effilée partant de la Dens de Cons protège l'arrière de l'ouvrage et le col de l'Alpettaz et le seul endroit ou l'ennemi peut installer de l'artillerie de montagne, mais pour cela, il faudrait qu'il ait passé le défilé de Marlens, complètement battu par le fort.
Des batteries ennemies établies sur les replats du Cornillon ou sur le col de la Forclaz, sont les seuls endroits où elles peuvent entamer une lutte d'artillerie, mais les colonnes d'assauts parties de là, seraient totalement désorganisées, une fois parvenues devant le fort.

Résumé des positions à battre ou à surveiller.
  • Au Sud-Est, la route qui longe l'Arly en direction d'Albertville et les abords du Tal vers Thénésol.
  • A l'Est les replats du Cornillon, le col de la Forclaz et les hauteurs au Nord du col.
  • Au Nord et Nord-Est, les hauteurs au-dessus d'Ugine et l'ancienne route de Flumet passant par Héry.
  • Au Nord-Ouest, la route de Marlens et les pentes descendant vers la chaise.
  • A l'Ouest et au Sud-Ouest, la col de l'Alpettaz, les mamelons de Bulles et du Merut.

Positions complémentaires à installer, pour assurer la défense du fort.
  • La position dominante du col de l'Alpettaz sera occupée par un ouvrage permanent, une redoute du moment sera élevée à l'opposé de celui-ci. Ils permettront de couvrir les arrières du fort, avec en appui intermédiaire, la redoute du Merut.
  • La batterie de la Mouchette permettra de surveiller le versant de la Chaise et pourra prendre à revers le versant du fort.
  • Les batteries de Chante-Merle et des Bons couvriront la route stratégique et pourront croiser leurs  feux sur les terrains entre le Tal et Lestal.
  • La batterie des Teppes avec sa position très favorable pourra enfiler la vallée de l'Arly et de la Chaise, surveiller la future voie de chemin de fer et la gare des Fontaines.

Stockage poudre et munitions.
Magasins non bétonnés.
  • 1 atelier de chargement de projectiles.
  • 1 magasin aux munition confectionnées.
  • 1 magasin à poudre d'une contenance de 64 000 kg.
  • 1 magasin aux artifices.
  • 2 dépôts de poudre de consommation.
  • 1 magasin aux projectiles vides.
  • 1 dépôt aux projectiles chargés.
  • 2 dépôts de munitions.
  • 1 dépôt de gargousses
  • 1 atelier de confection de gargousses.
  • 11 abris de munition de sûreté.

Description.

Le fort de Lestal est un ouvrage complètement fermé, entièrement construit en maçonnerie et en brique rouge, comme l'ensemble des ouvrages de la Place,  qui lui donne un joli aspect esthétique.
Le fort est entouré d'un fossé et d'unecontrescarpe maçonnée, celle-ci est à voûtes à décharge très prononcées côté front de tête. Un ha-ha précède les caponnières. Un escalier sous voûte au niveau de la place d'arme 5, donne accès au chemin couvert qui mène aux autres places d'armes 4, 3, 2.
Il se compose d'un cavalier avec courtine et flanc de retour, de deux batteries basses en forme de bastions et d'une gorge dont une face seulement est armée d'artillerie.
Son flanquement est assuré par une caponnière double à la gorge, le front de tête est à flancs casematés et deux caponnières simples ou ailerons protègent  les deux autres côtés du fort.
Passé le ravelin qui protège la porte d'entrée, on entre dans le fort par un pont-levis à bascule en dessous à mouvement assisté (système équipant tous les forts d'Albertville), puis on rencontre un premier casernement entourant deux petites cours et on sort sur la cour principale qui remonte vers le massif du cavalier. En passant par le tunnel à gauche on rejoint une batterie basse qui donne accès à la courtine pour le front III-V et à l'aileron III. A droite, en logeant le cavalier on entre dans la batterie basse Ouest, qui nous permet d'atteindre la courtine du front V-II et l'aileron II. A l'intérieur du cavalier sont aménagées les casemates logements, un couloir les relis et par l'intermédiaire d'escaliers, on rejoint les traverses-abris au-dessus. Ce couloir nous permet aussi d'atteindre les deux flancs casematés
Il est destiné à dominer par son artillerie, la vallée de la Chaise, de l'Arly et les divers débouchés de la vallée de Beaufort.
En cas d'attaque il aura à soutenir une violente lutte d'artillerie, c'est pour cela que l'on lui adjoint une batterie annexe dans son périmètre proche. Une traverse enracinée lui sert d'abri et de stockage.

Architecture.

Plan du rez-de-chaussé.

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Plan de l'étage.

Plan de l'aménagement de la traverse avec son monte-charge.

Il est indispensable d'installer au fort de Lestal un monte-charge pour élever le matériel d'artillerie sur le cavalier. La rampe d'accès qui existe, est en terre meuble qui ne peut servir pour le transport de l'artillerie lourde. De plus, il n'y a pas de place dans cet ouvrage pour loger les chevaux destinés à trainer les pièces. Un système de palan à chaîne est donc installé pour monter les charges lourdes sur le rempart, à couvert des tirs ennemis et avec très peu de personnel. Des rails plus une plaque tournante sont construis sur le cavalier pour amener les pièces sur les emplacements de tirs.

Plan de la caponnière de gorge du fort.

Caponnière réalisée pour protéger des attaques, sa gorge. Elle était armée au départ de canons de 12 culasse et de canons-revolver, puis vers 1893 seulement défendue par de la mousqueterie après la suppression de son artillerie de flanquement.
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Entrée du fort. (collection L. Pracht)

Armement du fort de Lestal et du blockhaus de l'Alpettaz.

1875 1879 1892 1904
Batterie d'action lointaine
du fort
16 canon de 138 mm
5 canons de 12 rayés de place
2 canons de 12 de campagne
15 canons de 138 mm
7 canons de 12 de place
15 canons de 138 mm
7 canons de 120 mm
11 canons de 138 mm
5 canons de 120 mm
Batterie annexe
du fort
4 canons de 95 mm 4 canons de 95 mm
Protection des abords du fort 1 canon à balles 4 mortiers de 15 cm
2 mortiers de 22 cm
4 mortiers de 15 cm
2 mortiers de 22 cm
Flanquement des fossés
du fort
4 canons à balles
4 canons de 12 de campagne
4 canons révolver
4 canons 12 "culasse"
Fusils
Blockhauss de l'Alpettaz 4 canons de 80 mm
de montagne
4 canons de 90 mm

Armement du fort.

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Emplacements et objectifs principaux.
Cavalier.
  • Courtine du cavalier : la route et le col de la Forclaz.
  • Flanc gauche du cavalier : la vallée du haut Arly.
  • Flanc droit du cavalier : les pentes du Tal et le cour de l'Arly.
Batterie basse gauche ou bastion gauche.
  • Saillant : la vallée du haut Arly.
  • Face gauche : les position au-dessus d'Ugine.
  • Face droite : flanquement du bastion droit.
  • Flanc de gorge : les abords du fort vers la gorge.
Batterie basse droite ou bastion droit.
  • Saillant : le col de la Forclaz, Césarches, Cornillon.
  • Face droite : les pentes du Tal.
  • Face de gauche : flanquement du bastion gauche.
Gorge.
  • La vallée et la Chaise en amont.

Descriptifs des canons.

Batterie de canons de 138 mm. (carte postale)

Blockhaus de surveillance de l'Alpettaz.

Sonnette avancée de la Place d'Albertville, le blockhaus de l'Alpettaz se dresse au nord du col du même nom. Placé au sommet de la falaise qui domine le fort de Lestal, il est chargé de la surveillance des abords du fort et surtout sa fonction principale est d'empêcher l'ennemi, d'établir des batteries sur ce col.
Il est constitué d'une enceinte crénelée percée d'embrasures pour des canons de montagne et flanqué de bastionnets. Un portail avec pont démontable surmontant un ha-ha, permet d'accéder à une cour. Dans un angle, un bâtiment en L, crénelé sur toutes les faces, est organisé pour loger 1 officier, 60 hommes de troupes et 25 artilleurs. Son entrée, après avoir passé le pont-levis intérieur, donne accès au rez-de-chaussée à des locaux non voûtés (non à l'épreuve), aux combles ou son entreposé les canons en temps de paix ou sert de logement aux artilleurs en période de guerre. En sous-sol on trouve une citerne.
Le blockhaus reçu son premier armement en 1893. Celui-ci est constitué de 4 canons de montagne de 80 mm système de Bange, approvisionnés de 300 coups chacun. Le tout fut échangé en 1900 contre 4 canons de campagne de 90 mm système de Bange.
Stockage poudre et munitions.
Les obus à mélinite sont emmagasinés au fort de Lestal.
  • 1 magasin à poudre
  • 1 magasin aux munitions.
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Plan des maçonneries.

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Batterie de canon de 80 mm de montagne système de Bange. (carte postale)

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