Fort de Tamié

Le fort de Tamié à trois rôles à assurer. Le premier est celui de fort détaché, en se chargeant de couvrir les arrières de la position d'Albertville et ainsi d'éviter que la ligne de défense soit tournée par le nord-ouest en utilisant la vallée menant de Faverges au col ou au collet de Tamié. Le deuxième est celui de fort isolé, en combattant sur deux fronts opposés, de plus il est séparé des autres ouvrages de la Place par de grande distance. Enfin il tient le rôle de réduit de la Place d'Albertville, en contrôlant la ligne de retraite et d'opérations des Bauges, passant par le col du Haut du Four, qui permet de communiquer avec l'intérieur du pays une fois que la Combe de Savoie est occupée. 

Le fort de Tamié.

Cliquez pour agrandir l'imagePrésentation.
Élevé sur le lieu-dit du "Châtelard", nom donné par les gens du pays à tout escarpement surmonté d'une ancienne fortification. D'ailleurs pendant la période révolutionnaire, une redoute élevée à cet endroit commandait le col. Ce fort occupe un énorme espace mamelonné, couvert de bois et bordé en partie de falaises.

Missions.
Le fort de Tamié joue un rôle considérable dans la défense des positions d'Albertville. Construit à cheval sur deux cols, il commande la vallée de Tamié et ses deux débouchés. De plus il couvre toute la droite de la ligne de défense principale et il contrôle une importante ligne de retraite et d'opérations vers les Bauges. Et enfin de tous les forts de la place, c'est inévitablement celui-ci qui sera appelé à résister en dernier et à servir de réduit de la place.
L'étendue considérable de son enceinte lui permet de soutenir une lutte d'artillerie sans l'aide de batteries annexes.
Il suffira d'établir des ouvrages du moment pour couvrir les deux cols qui l'encadrent, au début des hostilités.

Positions à établir lors du conflit sur les abords du fort pour compléter l'action qu'il doit exercer sur les 2 cols qu'il surveille.
  • Col de la Ramaz (collet de Tamié).
Le col de la Ramaz fait communiquer la vallée de Tamié avec l'intérieur de la Place. Il est surplombé par une série de plateaux formant des gradins successifs, dont le plus important est celui des Teppes. Des sentiers partant du fond de la vallée y débouchent et permettent le contournement du fort. Des tirs de ces hauteurs peuvent rendre intenable l'intérieur du fort. Le plateau des Teppes est donc un point dangereux et un passage à surveiller. Une redoute ayant pour contenance une demie compagnie et 3 pièces d'artillerie doit y être construite. Des retranchements la relieront au fort.
  • Col de Tamié.
Il faut protéger le fort des hauteurs de l'autre côté du col et placer un ouvrage sur le plateau sous Naisseau. Cette redoute contrôlerait aussi le sentier qui monte au col du Haut du Four. Passage de grande importance reliant la Place avec l'intérieur en passant par les Bauges si la combe de Savoie devait être occupée par l'ennemi.

Fort de Tamié.

Le fort de Tamié est unique à plus d'un titre dans le système Séré de rivières.
Tout d'abord, par sa superficie, le fort occupe plus de 16 hectares, avec 1800 m d'enceinte entourant des mamelons boisés. Et ensuite du fait qu'aucune casemate-logement n'a été prévue à la construction du fort. Le commandement a estimé que les troupes pourraient bivouaquer sous tentes ou sous abris construits à l'aide des arbres contenus dans l'enceinte du fort. Imaginer les troupes au début du conflit perdant du temps à construire des baraquements qui auraient été soufflés au premier bombardement, sans parler des conditions de vie, pendant l'hiver très rude à cette altitude !! Heureusement cette lacune fût comblée plus tard par le creusement d'un abri-caverne sous  le mamelon 1020, comportant des casemates-logements et un magasin à poudre.

L'introduction est faite pour ce fort atypique, passons à la visite !
L'enceinte est bastionnée de façon irrégulière. L'escarpe est maçonnée grossièrement sur certains fronts, en voûte à décharge sur le front 1-2 ou même composée d'un simple mur au-dessus des falaises pour le front 1-5. Le fossé est pratiquement inexistant, à part sur le front 3-4 où il est en partie creusé dans la roche. Autre exception dans ce fort, mais celle la par rapport aux autres forts de la Place d'Albertville, c'est qu'il comporte deux entrées, une principale donnant bizarrement sur le front 4-5, face à l'ennemi et l'autre dite de secours placée dans le bastion 1. Ceci est dû à son double rôle de fort détaché couvrant les autres forts de la Place et celui de fort isolé pouvant être attaqué sur deux fronts opposés.
Son flanquement est assuré par trois coffres d'escarpe. Deux sont édifiés dans le bastion 2, pour couvrir les fronts 1-2 et 2-3, et un autre dans le bastion 3 pour couvrir le front 3-4.
On pénètre dans le fort par un pont à bascule en dessous à mouvement assisté, identique à tous les forts de la Place. Puis on débouche sur la cour, entourée sur deux côtés par des casemates servant de magasin, qui ne sont plus à l'épreuve depuis la crise de l'obus torpille. C'est pour cela que fut creusé sous le mamelon 1020 un abri-caverne constitué de casemates-logement et d'un magasin à poudre, un deuxième est creusé sous le mamelon 993, face à l'entrée et devait rejoindre l'abri cité précédemment, mais les travaux s'arrêtèrent après le magasin à poudre et ne furent pas poursuivis. Sous le mamelon 987 un magasin à poudre y a été aussi creusé.
Les plateformes de tirs ont été établies tout autour de l'enceinte, de même que sur les mamelons 993 et 1020, avec pour certaines des abris-traverses (front 3-4 et bastions 1 et 5). 

Stockage des poudres et des munitions.
Magasins sous roc sans monte-charge.
  • 1 magasin à poudre d'une contenance de 33000 kg.
  • 1 magasin à poudre d'une contenance de 18450 kg.
  • 1 magasin à poudre d'une contenance de 24750 kg.
  • 1 atelier de chargement des projectiles.
  • 1 atelier de chargement des gargousses.
  • 1 niche pour détonateurs.
  • 1 niche pour les amorces.
  • 1 dépôt pour projectiles vides.
  • 1 dépôt pour projectiles chargés.
Magasins non bétonnés.
  • 1 magasin aux gargousses.
  • 1 magasin aux projectiles chargés.
  • 1 magasin aux munitions confectionnées.
Cliquez pour agrandir l'image

Emplacement des pièces et objectifs principaux.

Descriptifs des canons.
  • Flanc droit : Pentes de la Belle-Etoile, les Teppes, la Frasse, vallée du Chiriac.
  • Front de têtes : Seythenex, vallée de Tamié.
  • Flanc gauche : Plan du Roc, chalets d'Orisan.
  • Gorge : Chevronnet, fort du Villard, batteries des Granges, rive droite et gauche de l'Isère, voie ferrée, pont de Gilly et d'Albertin, Fonderie.
  • Mamelon 993 et 1020 : Plateaux de Sollières, de Prière et Monastère de Tamié.

Armement du fort de Tamié fin XIXe début XXe.

1879 1892 1904
Batterie d'action lontaine du fort 4 canons de 138 mm
4 canons de 120 mm
16 pièces de 95 mm
4 canons de 138 mm
4 canons de 120 mm
16 pièces de 95 mm
4 canon de 138 mm
4 canons de 120 mm
16 pièces de 95 mm
Protection des abords du fort 4 canons de montagne
4 mortiers de 15 cm
2 mortiers de 22 cm
4 mortiers de 15 cm
2 mortiers de 22 cm
4 mortiers de 15 cm
2 mortiers de 12 cm
Flanquement des fossés  du fort 3 canons à balles
3 canons de montagne de 4
3 canons révolver
3 canons de 12 "culasse"
Fusils

Canon de 95 mm Lahitolle avec affût siège et place mle 1880 sur plate-forme en bois. (carte postale)

Cliquez pour agrandir l'image

Plan des maçonneries du fort.

Zone sous le feu du fort.



(C) Albertville-Fortifications 2007-2009. Tous droits réservés.Dernière mise à jour :samedi 8 mai 2010